D’élève militaire à Clerc de notaire, Brice BOSSO aujourd’hui se distingue comme l’un des spécialistes de la compliance dans le secteur bancaire.
Ce responsable de la conformité et de la lutte contre le blanchiment de capitaux a bien voulu pour notre rubrique Talent Ivoirien, accorder à notre rédaction une interview.
La rédaction : Bonjour Brice, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous raconter un peu votre parcours professionnel ?
B. Bosso : Bonjour à toute la Team ABC du digital,
Je suis Brice BOSSO, marié et père de deux enfants. Je suis présentement responsable conformité dans un établissement financier en Côte d’Ivoire.
Alors, juriste de formation, j’ai débuté dans le notariat en tant que Clerc de Notaire. Puis intéressé par les établissements financiers et plus précisément les banques, j’ai rejoint une banque de la place en tant que contrôleur conformité. Pour moi, c’était ainsi le meilleur moyen de mettre en application ce que j’avais appris lors de la rédaction de mon mémoire qui avait justement pour thème la répression du trafic illicite du stupéfiant en droit ivoirien et qui traitait également du blanchiment de capitaux qui en est une infraction connexe. J’ai pendant cette expérience été contacté par une autre banque pour un poste de chef de service conformité, spécifiquement la conformité réglementaire. C’est un challenge que j’ai accepté relever et que j’espère avoir bien mené.
Je suis depuis peu, Responsable conformité dans une autre banque. Et le périmètre dont je suis responsable ici prend en compte la sécurité financière en plus de la conformité réglementaire.
La rédaction : Pouvez-vous nous décrire un peu comment se déroule une journée type de travail pour le responsable de la conformité que vous êtes ?
B. Bosso : Il n’y a pas vraiment de journée type à notre niveau. Elles sont différentes les unes des autres en fonction des défis et challenge que nous nous imposons chaque jour.
Sinon, ce que je fais et qui revient chaque jour c’est d’abord m’assurer que tous les collaborateurs vont bien et sont prêt à bien débuter la journée. Ensuite, faire le point avec eux de ce qui est attendu sur les différents périmètres (sécurité financière et conformité réglementaire) pour cette journée en leur donnant les orientations nécessaires pour y arriver. Enfin, avancer sur mes propres travaux et me tenir disponible pour mes collaborateurs, collègues, et ma hiérarchie.
Hormis ces actions, je me débrouille pour toujours trouver le temps pour faire des recherches sur l’actualité de mon métier.
La rédaction : Diriez-vous aujourd’hui que vous exercez un métier en rapport avec vos études ?
B. Bosso : Indirectement oui.
Pas directement parce que je n’ai pas fait d’étude spécifique à la conformité. Mais indirectement parce que j’ai fait des études de droits qui me permettent de savoir lire et interpréter des textes de lois. Ce qui est important dans le métier que je fais puisque notre base de travail c’est la réglementation.
La rédaction : Mais, existe-t-il des formations et diplômes nécessaires pour exercer le métier de conformité ?
B. Bosso : Il n’y a pas vraiment de formation type.
Un diplôme de bac +4 ou +5, à l’issu d’une formation de type juridique ou financier suffit à mon sens. Le plus important pour moi est de s’intéresser à la chose et de se donner les moyens d’apprendre et d’en avoir une certaine maîtrise. Mais c’est vrai que le métier étant lié au respect de la réglementation, les juristes sont assez souvent avantagés.
La rédaction : Auriez-vous un parcours de formation à recommander à un jeune qui aspire à exercer votre métier ?
B. Bosso : Je recommanderais la formation de juriste. Il y a également une formation diplômante sur la conformité qui existe depuis un peu plus d’un an. Je ne l’ai pas faite, mais j’ai rencontré des stagiaires que j’ai eu à encadrer et qui ont effectué cette formation qui semble bien, avec un bon programme.
La rédaction : De manière concrète, pouvez-vous nous définir ce que c’est que la conformité et la démarche à suivre pour l’implémenter dans une organisation ?
B. Bosso : Alors, très simplement la conformité réside dans ce qu’une ou plusieurs activités, pas seulement les établissements financiers mais toutes celles qui sont réglementées, se fassent conformément et dans le respect des règles édictées et en vigueur qui la régissent. Aussi, simple.
L’objectif étant d’éviter à l’entreprise des sanctions administratives, pécuniaires, et même restrictives de libertés pour ses préposés en cas de non-respect de la réglementation.
La toute première chose à faire pour l’implémenter c’est d’effectuer une veille réglementaire. Avec cette veille, vous pourrez à travers la mise en place de certains outils, déterminer les obligations ou exigences réglementaires. Une fois ces exigences déterminées, il vous suffit d’effectuer des contrôles pour vous assurer que ces exigences sont respectées. Eventuellement, vous aurez à proposer des plans d’action, pour tous les cas de non-conformité que vous rencontrerez.
Pour moi la conformité est une culture à acquérir, il est donc important de mettre beaucoup d’accent sur la sensibilisation et la formation de l’ensemble des collaborateurs de l’entité dont vous avez la charge de la conformité.
Bien entendu, comme je l’ai déjà évoqué, il faudra mettre en place pas mal d’outils comme le référentiel réglementaire, la matrice ou le programme de contrôle etc.
J’ai écrit quelques articles à ce sujet que j’ai publiés sur LinkedIn. Je vous invite à aller regarder. Je reste disponible pour toutes les questions.
La rédaction : Que pensez-vous personnellement du métier de compliance ? En quoi l’exercice de ce métier est-il utile aux autres ?
B. Bosso : Je pense que ce métier est très important pour toute organisation régie par une réglementation. C’est important pour ceux qui le pratiquent de le prendre très au sérieux. Il peut donner l’impression de ralentir le business, mais il permet surtout de garantir et conserver une bonne image de la structure, de sécuriser ses actifs, d’éviter des sanctions.
Pour faire simple, réussir à inculquer la notion de conformité permet aux collaborateurs de l’entreprise de mieux mesurer et appréhender le risque de non-conformité (meilleure maîtrise du risque de non-conformité) = éviter les sanctions pour des cas de non-conformité = sécuriser les actifs et garantir une bonne image de l’entreprise en évitant les sanctions.
La rédaction : Comment protéger vous les personnes qui se confient à vous en signalant un problème grave ?
B. Bosso : Dans le cadre professionnel, il y a un outil ou disons dispositif, appelé whistleblowing en anglais et lanceur d’alerte en français par lequel tous les membres d’une même entité peuvent signaler un problème grave qui répond à certains critères.
Pour les protéger, mon rôle en tant que responsable de la conformité sera de mettre en place ce dispositif s’il n’existe pas encore et de m’assurer que ces signalements se font de manière anonyme. De plus, le traitement accordé à ces signalements restera confidentiel.
La rédaction : Votre métier subit-il les évolutions liées à la transformation digitale ? si oui pouvez-vous nous les énumérer ?
B. Bosso : Bien sûr, le digital ne laisse rien en marge. Et c’est une bonne chose, l’objectif étant de simplifier le travail. A nous, acteurs de ce métier de nous y adapter. Pour des questions de confidentialité, je ne peux pas donner de détails. Cependant, il faut retenir qu’il existe aujourd’hui plusieurs outils développés qui viennent remplacer tous les travaux qui se faisaient manuellement et qui facilitent énormément les traitements qui en sont fait.
La rédaction : Comment vous assurez-vous de garder à jour vos connaissances des lois et des règlements ?
B. Bosso : Pour ma veille personnelle, Je me suis abonné à plusieurs newsletters, via des site internet, de régulateurs et superviseurs des établissements financiers.
Aussi, Je fais régulièrement le tour des librairies pour voir s’il n’y a pas de magasine et/ou de bouquins en rapport avec mon métier. J’en achète dès que j’en trouve et je me donne le temps de lectures.
La rédaction : Quel autre métier Brice aurait-il choisit s’il n’exerçait pas son métier de responsable de la conformité ?
B. Bosso : 😊 Pour avoir fait une école militaire, je pense que je serais dans l’armée.
Je dois avouer que je suis souvent nostalgique de cette période de ma vie. Sinon je sais rester ouvert et disposé à apporter de la valeur ajoutée là où le besoin se fait sentir.
La rédaction : Avez-vous un dernier mot à adresser à nos lecteurs ?
B. Bosso : J’espère que ces quelques réponses pourront aider ceux qui ressentent le besoin d’en savoir un peu plus sur la fonction conformité. Que ce soit la conformité ou autre chose, je pense qu’il faut un brin d’abnégation dans tout ce que nous faisons si nous voulons obtenir des résultats. Il faut également garder à l’esprit que tout est expérience et que nous pouvons toujours capitaliser sur les situations qui se présentent à nous. Tout va dépendre de l’état d’esprit que nous décidons d’avoir.